Beaucoup de professionnels de santé utilisent aujourd’hui la supplémentation en s’appuyant sur des bilans biologiques ou sur des protocoles préétablis. Ils insistent, à juste titre, sur la spécificité de chaque individu et cherchent à adapter leurs conseils aux besoins personnels de leurs patients.
C’est une démarche louable — mais elle passe souvent à côté de l’essentiel.
Avant de vouloir apporter des molécules spécifiques, encore faut-il s’être assuré que les fondations micronutritionnelles sont bien présentes. Sinon, c’est un peu comme vouloir décorer une maison avant d’avoir fini la toiture.
Et analyser cette alimentation est impossible si l’on ne sait pas explorer les apports à partir d’une anamnèse alimentaire rigoureuse fondées sur une connaissance pointue des aliments.
Beaucoup en nutrition se fient à des idées reçues, à des généralités piochées à droite ou à gauche, à des ressentis personnels, ou à des notions fragmentaires, sans véritable expertise.
Du coup, ils s’appuient sur des bilans biologiques en première intention ou sur des symptômes sans contexte. Ils en déduisent des déficits, sans avoir d’abord évalué ce que le patient mange réellement et ce qu’il exclue potentiellement de son alimentation. L'exclusion n'étant pas seulement ce que le patient évite consciemment.
C’est bien entendu une démarche illusoire même si elle se donne des allures de professionnalisme.
Le corps possède une capacité de compensation étonnante : il masque longtemps les déséquilibres, et les marqueurs biologiques et les symptômes apparaissent tardivement, souvent sans lien direct avec un seul micronutriment.
Se former à la micronutrition, c’est d'abord apprendre à repérer précisément ce que le corps reçoit, comment il y réagit, comment il compense, et comment il exprime ses déséquilibres bien avant la maladie.
Se former à la micronutrition, c'est replacer l’alimentation au cœur du raisonnement : observer avant de corriger, comprendre avant de supplémenter.
Sans cette base, la micronutrition se réduit à une succession de protocoles, déconnectés du vivant.
Prenons un exemple concret :
Une personne qui consomme 150 g de foie tous les 12 jours couvre aisément ses besoins en vitamine B12.
En revanche, si elle ne consomme ni foie ni poisson, mais mange de la viande quatre à cinq fois par semaine, on peut sérieusement suspecter un déficit en B12.
Dans ce cas, il est logique de commencer par rectifier l’alimentation, avant d’envisager un bilan biologique ou une supplémentation.
La première étape de la micronutrition commence dans l’assiette, pas dans le tube à essai.
Formez vous à la micronutrition